Édition : Automne 2024

Ce n’est un secret pour personne : la paperasserie liée aux patients représente un fardeau important pour les médecins canadiens. Alors que l’épuisement professionnel atteint des niveaux inégalés, certains médecins allant même jusqu’à prendre la décision difficile de fermer définitivement leur cabinet, beaucoup cherchent activement des solutions. L’une de ces solutions, de plus en plus populaire parmi les médecins canadiens, réside dans l’adoption d’outils d’intelligence artificielle, à savoir des outils de transcription numérique fondée sur l’IA.

Qu’est-ce qu’un outil de transcription numérique fondée sur l’IA? Comment ces outils fonctionnent-ils?

Les outils de transcription numérique fondée sur l’IA sont des outils d’intelligence artificielle conçus pour capter les conversations orales et les transformer en notes concises et lisibles. Leur mode de fonctionnement varie, mais leur fonctionnalité suit généralement un schéma similaire. Habituellement, le médecin commence par enregistrer sa conversation avec le patient à l’aide de l’outil d’IA. À la fin du rendez-vous, il arrête l’enregistrement et l’outil d’IA, ou le fournisseur de services de l’outil, génère instantanément à son intention une note SOAP (subjectif, objectif, analyse et plan), qui peut être copiée directement au dossier médical du patient. Dans la plupart des cas, l’enregistrement lui-même est détruit lors de sa transmission et les renseignements personnels sur la santé contenus dans la note sont dépersonnalisés par l’outil.

Que recommandent les organismes de réglementation professionnelle du Nouveau-Brunswick en ce qui concerne l’utilisation de la transcription numérique fondée sur l’IA?

Le gouvernement provincial et le Collège des médecins et chirurgiens du Nouveau-Brunswick n’ont pas encore publié de lignes directrices concernant spécifiquement l’utilisation des outils de transcription numérique fondée sur l’IA. D’autres administrations commencent cependant à se prononcer sur les implications professionnelles et médico-légales de cette technologie.

Que recommandent les autres organismes de réglementation professionnelle?

Les provinces et les ordres professionnels qui disposent de lignes directrices sur l’utilisation des outils de transcription numérique fondée sur l’IA dans le cadre de la pratique soulignent la nécessité d’obtenir le consentement éclairé des patients avant d’utiliser un tel outil, ou de leur faire remplir un formulaire de consentement distinct. Doctors Manitoba insiste tout particulièrement sur l’importance du consentement si l’outil enregistre ou transcrit des conversations entières entre le médecin et le patient avant de générer une note SOAP.

En ce qui concerne la confidentialité, le College of Physicians and Surgeons of British Columbia conseille d’informer les patients de la nature de l’outil de transcription numérique fondée sur l’IA, des risques connexes et des avantages potentiels. De même, l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario rappelle aux médecins qu’ils doivent respecter leurs obligations légales et professionnelles, y compris leurs responsabilités en tant que dépositaires de renseignements personnels sur la santé, lorsqu’ils recourent à la transcription numérique fondée sur l’IA dans le cadre de leur pratique. L’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario et le College of Physicians and Surgeons of Alberta font tous deux valoir la nécessité de l’exactitude dans les notes SOAP générées par l’IA, rappelant que les médecins demeurent responsables des renseignements saisis au dossier médical d’un patient.

Prochaines étapes

Bien qu’ils n’existent que depuis peu, les outils de transcription fondée sur l’IA pourraient s’avérer utiles pour réduire l’épuisement professionnel et la charge de travail administrative. Les médecins qui envisagent d’y recourir dans leur pratique clinique doivent surveiller les politiques et les lignes directrices provinciales et fédérales en la matière, ainsi que celles publiées par leur ordre professionnel et par l’Association médicale canadienne.

Lauren Lipsett, étudiante d’été au service juridique